Will you love me tomorrow (ft; Aelis Hopkins)

La trahison n’était plus vertu nouvelle au sein de la famille Todd, à cause du père qui ne cessait d’en faire qu’à sa tête. Comme si le mal n’avait jamais existé, et que la seule chose qui importait était la fortune. Ah, oui, la fortune. Un mot que Leroy entendait sûrement un peu trop souvent, un mot qu’il finissait par détester alors qu’il adorait l’argent. L’argent propre, tout du moins, et ça faisait une réelle différence.

La famille Todd n’était arrivée que la soirée précédente, mais ils avaient déjà réussi à déballer toutes leurs affaires. Fallait dire qu’ils n’emportaient jamais grand-chose, surtout des immenses valises pleines de fringues, puisqu’ils louaient leur petite maison indépendante à l’année. « Hors de question de partager » répétait souvent monsieur Todd. Il n’y avait décidément pas de limite à son égoïsme. Et Leroy était même loin d’avoir tout vu.

Alors que les femmes bossaient en cuisine (ce qu’il trouvait assez bizarre, il était à peine 17 heures 30 à ce moment), son père l’avait invité à s’asseoir sur une des chaises de la cuisine. Pour « parler d’homme à homme ».

« Aujourd’hui est une journée bien spéciale. » Avait-il commencé. Et Leroy avait tout de suite senti l’entourloupe : ce n’était l’anniversaire d’absolument personne, alors quelque chose se tramait forcément. Le nez plissé, il écouta après un simple hochement de tête sûrement un peu trop naïf. « Nous allons recevoir des invités de marque, ce soir. La famille Hopkins. »

« Et en quoi ça me concerne ? » Demanda le plus jeune. Il avait l’habitude des grands repas, son père adorait en organiser, mais jamais il n’avait cherché à prendre son fils à part avant un tel événement.

« C’est une très chouette famille. » Assura Monsieur Todd, les sourcils légèrement froncés. Il ne comptait pas annoncer la nouvelle à son fils maintenant : il avait assez peur de sa réaction. Leroy adorait aller à l’encontre des dires de son père depuis des années déjà, et il ne voulait prendre aucun risque. Il lui annoncerait ce soir, quand les Hopkins seraient là. Il ne pourrait pas s’enfuir, ni même hurler, parce que Leroy savait que ses faits et gestes pouvaient avoir des répercussions, et que l’image de leur famille comptait bien plus aux yeux du père que leur bien être. « C’est le repas d’affaire le plus important de notre vie, alors tâche de ne pas le gâcher. »

Leroy souffla directement face à ces paroles, et se leva de sa chaise. Il n’en avait rien à faire des dîners d’affaire de son père, mais il n’avait pas non plus envie de niquer ses vacances. Alors il comptait se tenir tranquille, du moins pour l’instant, et profiter des magnifiques endroits que Lake Lure avait à lui proposer.

« Fais toi beau, ils arrivent pour 19 heures. » Et à ces mots, Leroy partit embrasser sa mère et sa sœur avant d’aller faire un tour en voiture. Fallait dire qu’il avait besoin de se détendre, et il n’avait pas vraiment le temps d’aller à la piscine ou faire du sport pour dégager toute la frustration que sa relation avec son père infligeait à son corps. Il espérait au moins que la famille qui viendrait ce soir ne serait pas une famille aussi timbrée que la sienne.

Il revint seulement vers 18 heures 30, se lavant rapidement avant de s’habiller d’une chemise à la fois détendue et classe, de se coiffer, se parfumer… Il suivait étrangement les directives de son père, mais il voyait plus ça comme un plan « survie ». A Jackson, il pouvait bien plus agir contre son paternel qu’à la pension Kellerman, simplement car Monsieur Todd avait déjà prouvé « ce qu’il valait » chez eux. A voir quel stratagème avait-il encore trouvé pour attirer gloire et reconnaissance.