Step by step (ft. Dorothée Boisvert)

La famille Todd venait à peine de débarquer pour cette saison d’été à la pension Kellerman, et Leroy pouvait déjà sentir les ennuis arriver. Fallait dire que, son père, c’était le pro pour les foutre dans l’embarras. Il l’avait appris il y avait de cela quelques années déjà, et ce fait n’avait plus quitté sa tête depuis. Opportuniste. Papa Todd était opportuniste. Le problème, c’est que parfois, ça avait des répercussions directes sur la famille entière. Et Leroy détestait ça. Il détestait le fait que son père soit un connard fini, le fait qu’il soit si égoïste qu’il en ai rien à foutre de mettre sa famille en danger, et il détestait encore plus le fait de savoir que sa mère et sa sœur ne voyaient pas les choses comme lui les voyait. Parce qu’elles n’étaient pas au courant de cette professionnalisation en magouilles côté géniteur, elles n’étaient pas au courant de ses vices et de sa cruauté.

« Un grand repas, important. » Qu’il lui avait dit. Ou quelque chose du genre. Ca ne présageait rien de bon, et Leroy pouvait sentir l’entourloupe à plein nez. Comment contrer ça, aussi ? Il était là pour passer de bonnes vacances, retrouver ses amis de Lake Lure et se détendre en oubliant les problèmes familiaux. Bordel, pourquoi fallait-il que papa ramène les problèmes partout où ils allaient ?

Il avait pris la voiture pour se vider l’esprit, roulant sur ces routes qu’il connaissait par coeur à force de les avoir empruntées au fil des années. Lake Lure, c’était son deuxième chez lui. Un chez lui encore mieux que son vrai chez lui, à vrai dire. Ici, ça avait toujours été une bouffée d’air frais. Loin des cons habituels, loin du travail… Ou pas si loin que ça, peut-être ?

Sur le bas côté traînait une voiture au capot fumant, et en plissant ses yeux, Leroy pouvait apercevoir une femme qui tentait très certainement de trifouiller la mécanique automobile. Il avait jamais été un super-héros, Leroy. Mais il roulait depuis déjà de bonnes minutes, et il se disait qu’un peu de compagnie, n’importe laquelle puisse-t-elle être tant qu’elle était fraîche, lui ferait du bien, lui ferait arrêter de s’imaginer mille et uns scénarios concernant ce fameux dîner du soir.

Il s’arrêta à leur hauteur, en plein milieu de la route alors qu’aucune autre voiture ne semblait être dans les environs. Au moins, il ne gênerait personne, au mieux, il se garerait sur le bas côté à son tour, au pire, il repartirait bredouille.

« Besoin d’aide ? » Proposa-t-il à l’inconnue.