Dorothée + Je ne vole pas pour m'évader, c'est mon art de vivre!

Montréal, en 1926, est la métropole des affaires dans la province de Québec. Septième d'une famille de douze enfants, je suis la fille de Léopold Boisvert, issu d'un père épicier dans le quartier d'Hochelaga, qui est annexée à la ville de Montréal le 3 octobre 1883. Il travailla dans le domaine journalistique quand il fait la connaissance de Ernestine St-Germain, fille de criminaliste très connu d'Outremont, en 1909. Mariés à l'été 1911, ils sont les parents de quatre fils et de deux filles avant ma naissance et des jumelles vont naître quelques mois après la tragédie du Laurier Palace, un incendie survenu dans un cinéma emportant 78 enfants, dont mon frère Edmond, le 6 janvier 1927. Cependant, malgré la crise économique qui va sévir à l'automne 1929, mon père fit la promesse que l'argent sera économisé pour payer le loyer, les visites chez le médecin et la nourriture.

Mon éducation académique, avec la lecture, l'écriture, les mathématiques, est complémenté avec des matières qui sont fait pour devenir l'épouse d'un futur gestionnaire, avocat, médecin ou notaire tel est la tradition. Dans les couvents, les religieuses nous enseignent la bienséance, la diction, jouer de la musique, savoir bien se comporter et maintenir la discipline. Cette période durait entre 1933 et 1940, année ou je complète ma septième année scolaire. Durant une discussion auquel mon frère Raymond, né en 1920, annonce qu'il veut faire son cours classique pour devenir notaire, j'ai décidé que je veux faire mes beaux-arts, autrement dit je veux devenir actrice. Ma mère, au cours d'une conversation avant d'aller au lit, m'a proposée de prendre des cours de diction anglophone au cas ou je serais appelée à travailler dans le milieu du cinéma. Heureusement, notre coiffeuse est une gentille dame d'origine irlandaise, Mme O'Bready, habitant sur la rue Bellechasse, à quelques minutes de marche de l'hôpital Sainte-Justine.


L'hôpital Ste-Justine, fondée en 1907, a été l'endroit qui a accueilli la carrière de mon frère, le pédiatre Louis-Joseph Boisvert. Fils aîné né en 1913, il complète son cours classique en 1935 et fait ses études en médecine pédiatrique à la succursale de l'Université Laval, à Montréal. Ma soeur Estelle, née en 1931, est l'actuelle responsable des tests auditifs pour les enfants dans cette même hôpital, qui va déménager en 1957. À l'été 1939, quelques mois avant la déclaration de la guerre, je suis admise pour une grave blessure et l'ambulance m'a admise devant l'entrée de la rue de Bellechasse. Un examen plus poussé en radiographie a décelé un fracture de la clavicule qui nécessite une opération pour replacer l'os. À cette époque, l'assurance-maladie n'est pas dans les plans du ministère de la santé et les patients doivent payer les frais médicaux, que ce soit la radiographie, l'intervention, le traitement et l'hospitalisation.

Après la Seconde Guerre Mondiale, dont le conflit se termine le 2 septembre 1945, j'approchais la vingtaine et je suis encore dans les études. Ma mère, désappointée, téléphone à une de ses amies, vedette dans les radioromans. Après avoir passé une audition, je suis engagée pour jouer dans Un homme et son pêché et dans La Fiancée du Commando. En 1947, pour fêter mes 21 ans, ma soeur Marie-Ange, la plus vieille de la famille née en 1912, part en voyage avec son conjoint Rosaire en avion. Puisque leur compagne de voyage n'est pas disponible, ils m'offrent l'opportunité de me faire vivre mon baptême de l'air. Je découvre le Canada par la voie des airs et je vis des vacances fabuleuses à Vancouver grâce à Trans-Canada Airlines (qui sera renommé Air Canada en 1964). C'est en mai 1948 que ma destinée se confirme en devenant hôtesse de l'air pour la Trans-Canada Airlines. Ma première affectation est les vols transatlantiques en direction de Londres et de Paris. Le 7 juillet 1950, portant mon uniforme bleu marine et mon calot, je suis affectée à un des vols Montréal - Los Angeles. Qu'est-ce que je ne vois pas m'interpeller pour me demander un peu d'alcool? Le crooner Frank Sinatra. Enchantée de servir cette vedette, je ne demandais pas mieux s'il accepterait de me chanter une chanson qu'il connaît le succès. À ma quatrième année de contrat, je suis conviée de satisfaire les désirs du jazzman Louis Armstrong.

Lorsque mon contrat avec Trans-Canada se termine à l'été 1953, un groupe d'agentes de bord de la Pan American Airlines m'invitent à partager leur repas alors que je suis dans un restaurant londonien en train de manger un potage. La seule différence, c'est que je ne porte pas mon uniforme et ces dames sont magnifique avec leur bleu ciel. J'ai profité de ma période de congé pour prendre le train en direction de New York et faire application pour travailler à bord de la compagnie Pan Am. Ayant rempli toutes les conditions, on me demande de trouver un logement adéquat non loin de l'aéroport au cas ou je suis appelée aux prochains voyages. Le 8 septembre 1953, mon premier vol New York-Boston sera très court car cela prend que deux heures. Cependant, les préposées m'attendent pour la prochaine affection, un départ pour me rendre à Dallas et un autre pour le Colorado. Pendant 10 ans, j'ai voyagé dans une vingtaine de différentes destinations et l'endroit qui m'a charmée le plus, c'est encore toujours Paris ou j'ai eu mon coup de foudre.

Depuis deux ans, j'entretiens une relation avec William, un américain résidant à New York et il est attendu à Paris pour entretenir avec l'ambassadeur. Diplomate très charmant et bien élevé, nous sommes entretenus pendant huit mois et nous sommes mariés en janvier 1957 à Montréal, devant parents et amis. William, mon mari, a invité sa famille pour visiter Montréal pendant un match opposant les Rangers de New York au Canadien de Montréal. Pour la première fois de leur vie, les parents, ainsi que sa soeur, ont pris l'avion pour la première fois, sous ma supervision, quoique les vieilles habitudes ne changent pas! Ma belle-famille m'a beaucoup aidée dans mon adaptation à la vie américaine. Lorsque je suis tombée enceinte de Patricia, en mars 1958, c'est ma belle-mère qui m'a aidée à me relever et s'est occupée de ma fille pendant mes affectations. Mon beau-père Kenneth a été un hôte très accueillant quand ma soeur Justin, son frère jumeau Sylvio ainsi que son conjoint Robert sont venus voir mon fils William Green jr, né à l'automne 1960. Malheureusement, la vie peut nous réserver de vilaines surprises lorsque William va mourir lors d'une expédition de chasse en octobre 1961. À la suite des funérailles, j'ai eu l'accord de prendre des vacances pour me remettre sur pied, mettre un peu d'ordre dans mes dossiers personnelles et voir comment je peux organiser mes horaires avec deux jeunes enfants dans ma condition de veuve.

Certains éléments de ta fiche ne sont pas remplis, ce n'est pas très très grave mais si tu as le temps de le faire ce serait super !   Autrement tes histoires sont toujours aussi intéressantes et très contextualisées !